Si vous êtes de passage vers le quai du Mont blanc entre les quartiers des Pâquis et Cornavin, ne manquez pas de vous arrêter au jardin des alpes faisant face au jet d’eau et où se tient le curieux monument Brunswick. Ce monument d’architecture gothique attire immanquablement l’œil par son romantisme, comme s’il cherchait à obliger par sa beauté, qu’on lui rendre hommage à chaque passage.
Histoire du monument Brunswick – Le Mausolée de Charles II de Brunswick
Le monument Brunswick est un mausolée construit en 1979 et recueillant la dépouille du Duc Charles II de Brunswick décédé à Genève en 1873. Le mausolée Brunswick est classé comme bien culturel suisse d’importance nationale.
Dans son testament, le duc Charles II léguait la totalité de sa fortune à la ville de Genève. Mais en contrepartie, il demandait « un mausolée situé en un emplacement éminent et digne, exécuté selon la conception prévue, en recourant aux meilleurs artistes de l’époque, sans considération du prix« . La volonté du duc Brunswick présente dans le testament, conforme au droit suisse car établi par un notaire de Genève, devait être respectée sans quoi la ville de Genève ne pourrait hériter de l’immense fortune du Duc. En effet le duc Brunswick était l’un des nobles les plus riches d’Europe à cette époque et Genève ne pouvait se permettre de passer à côté d’autant de fonds.
Ce fut une néanmoins une décision difficile du point de vue politique, car la ville de Genève n’abritait encore aucun mausolée à cette époque, encore moins à la mémoire d’une personne aussi controversée comme le Duc Brunswick. La question était en effet délicate compte tenu de la qualité d’exilé du Duc Charles II et de la proclamation de neutralité de la Suisse par le Conseil fédéral. Suite à un long débat, le souhait posthume de Charles II fut été exaucé et le mausolée construit dans le jardin des Alpes après de longs débats sur le choix de l’emplacement.
Le Duc avait joint l’esquisse du Mausolée à son testament. Le Duc Charles II de Brunswick avait en effet beaucoup voyagé tout au long de sa vie et c’est à Vérone qu’il fut impressionné par le tombeau de la famille Della Scala. C’est ainsi auprès d’un architecte italien que le duc fit réaliser l’esquisse et c’est l’architecte genevois Jean Franel qui fût chargé d’en concrétiser l’apparence finale et d’en diriger les travaux.
Le duc était à l’origine représenté sur un cheval et se trouvait au sommet du Mausolée. Il est également entouré de statue représentants des membres de sa famille qu’il appréciait. Cependant le temps, l’usure et le poids de la statue du duc ont contraint les autorités genevoises à retirer la statue du haut du mausolée.
Vie de Charles II de Brunswick – Un prince déchu
Bien qu’immensément riche, le duc Charles II de Brunswick n’eut pas une vie facile. Il perd sa mère à l’âge de quatre ans puis devient orphelin à onze ans lorsque son père, duc et général dans l’armée prussienne, meurt au combat face aux armées napoléoniennes. Il est placé et éduqué auprès de tuteurs avec lesquels il entretiendra des rapports médiocres.
Issu d’une longue est prestigieuse lignée de noblesse, il est appelé à régner sur le duché de Brunswick et prendre la tête du gouvernement à sa majorité. Jeune homme intelligent, cultivé et vif d’esprit, il comprend rapidement que les sociétés européennes sont en pleine mutation. Très probablement inspiré par le prestige napoléonien auprès des classes populaires françaises, il arbore des idées politiques progressistes.
Ces idées politiques sont cependant très mal accueillies par l’aristocratie locale. Un bras de fer se met en place entre l’aristocratie et Charles II lorsque celui-ci refuse de ratifier une constitution rédigée en faveur de l’aristocratie. Le conflit prendra fin par un putsch de l’aristocratie sur fond de révoltes sociales. Charles II est déclaré incapable de régner et l’on institue à sa place son frère Guillaume comme souverain du duché. Charles II est ainsi contraint de fuir et de s’exiler à Londres.
Il passera une partie de sa vie en Angleterre, puis s’établit à Paris en 1851 et jusqu’en 1870, date où il sera contraint de quitter Paris pour Genève à cause de la dangereuse avancée des armées prussienne lors de la guerre franco-prussienne. Il décèdera trois en plus tard à Genève. La légende raconte qu’après des années d’exil, de fuite et de méfiance, ces trois dernières années à Genève furent les plus calmes de sa vie.
La légende est surement vraie compte tenu de la générosité du duc envers la ville de Genève et des genevois. Le legs de Charles II de Brunswick a en effet permis la construction de l’Université, de l’école d’horlogerie, du Grand Théâtre ou encore de l’école du Grütli.
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